Chapitre 12 : Ordre Solonetzique

Les profils de quelques sous-groupes de l'ordre solonetzique sont représentés schématiquement à la figure 39. Les sous-groupes individuels peuvent inclure des sols dont les séquences d'horizons sont différentes de celles illustrées. Dans les descriptions pour chaque sous-groupe présentées plus loin dans ce chapitre, on donne une séquence d'horizons typique pour chaque sous-groupe, les horizons diagnostiques indiqués en souligné et certains autres horizons fréquemment rencontrés sont énumérés.

Les sols de l'ordre solonetzique ont des horizons B qui sont très durs à l'état sec et qui se gonflent en une masse collante de très faible perméabilité lorsque trempés. Typiquement, l'horizon B solonetzique a une macrostructure prismatique ou colonnaire se fragmentant en peds polyédriques durs à extrêmement durs (à l'état sec), avec des revêtements foncés. On les trouve sur des matériaux parentaux salins dans certaines parties des Plaines intérieures semi-arides à subhumides, en association avec des sols chernozémiques et aussi, en moindre étendue, avec des sols luvisoliques et gleysoliques. La plupart des sols solonetziques sont associés à une végétation de graminées et d'herbacées. De même, certains se rencontrent sous une végétation arborescente, mais dont il semble que les arbres ne se sont établi qu'après une solodisation bien amorcée.

On pense que les sols solonetziques se sont développés à partir d'un matériau parental plus ou moins uniformément salin et dont les sels avaient un fort contenu en Na. Le lessivage des sels par les eaux de pluie serait responsable de la défloculation des colloïdes saturés de Na. Les colloïdes maintenues en solution sont apparemment entraînés vers le bas et déposés dans l'horizon B. Le lessivage ultérieur enlève les cations alcalins de l'horizon A qui devient acide et habituellement un horizon Ae lamellaire se forme. Habituellement, l'horizon B sous-jacent est composé de peds colonnaires intacts et liés avec des taches foncées. La désagrégation de la structure dans la partie supérieure de l'horizon B semble se produire à un stage avancé de développement, lorsque le Na échangeable est entraîné vers le bas. À ce stade, le B solonetzique se fragmente généralement rapidement en peds polyédriques recouverts d'une poudre blanche siliceuse. La destruction complète de l'horizon B solonetzique serait le stade le plus avancé de la solodisation. Le taux d'évolution d'un stage à l'autre du développement dépend du contenu en sel et de la conductivité hydraulique du matériau parental, en plus du climat.

La plupart des sols solonetziques du Canada ont un horizon A neutre à acide, indiquant qu'une certaine solodisation a eu lieu. Les sols avec un horizon A fortement alcalin, ou au premier stage de la formation d'un sol solonetzique, sont rares au Canada. à mesure que la solodisation se continue, les horizons d'accumulation de sel et de carbonates se déplacent vers le bas, de l'horizon B à l'horizon C. Dans la plupart des sols solonetziques, la soluttion extraite de l'horizon C a une conductivité d'au moins 4 mS cm^-1. La solodisation s'arrête là où les eaux salines souterraines rejoignent le solum par capillarité et la resalinisation peut s'établir à nouveau dans les zones de décharge des nappes phréatiques.

Les sols de l'ordre solonetzique ont un horizon B solonetzique (Bn ou Bnt). Cet horizon a une structure colonnaire ou prismatique dure à extrêmement dure à l'état sec et un rapport Ca/Na échangeables de 10 ou moins. Habituellement, la macrostructure se fragmente en peds polyédriques durs a extrêmement durs, avec des revêtements foncés. Les sols solonetziques n'ont pas de pergélisol à moins de 1 m de la surface du sol minéral, ni de couche de surface organique de plus de 60 cm d'épaisseur, si fibrique, ou 40 cm, si mésique ou humique, ni d'horizon B podzolique, ni d'évidence de gleyification assez forte pour rencontrer les critères des sols gleysoliques.