Chapitre 14 : Famille et série de sols

Remarque : Une partie du contenu dépasse la largeur habituelle.

Les critères et directives pour établir les classes des catégories de famille et de série de sols sont décrits dans ce chapitre. Cependant, de nombreuses classes ne sont pas définies, principalement pour la catégorie des séries de sols (voir le chapitre 17 pour les définitions de terminologie).

La famille est une catégorie du système de classification des sols au même sens que l'ordre, le grand groupe ou le sous-groupe de sols. Cependant, la famille des sols n'est pas utilisée aussi largement que les catégories établies depuis longtemps telles que les grands groupes et les séries de sols. Le concept de famille de sols, telle qu'utilisée dans le système de classification des sols du Canada, a été mis au point dans les années 1960 et la première version a été adoptée en 1968 (Comité national de la classification des sols, 1968). À cette époque, la terminologie et les limites de classes, mises au point dans le US Soil Taxonomy, furent partiellement adoptées et dans certains cas, elles furent appliquées de façon différente afin de répondre aux besoins du système canadien.

Historiquement, la catégorie de la famille de sols était nécessaire parce que le nombre de séries de sols était trop grand et parce que les catégories supérieures étaient trop hétérogènes pour être utilisés dans plusieurs applications. C'est pourquoi on utilise une famille de sols pour définir et regrouper des séries de sols du même sous-groupe de sols qui sont relativement uniformes dans leurs compositions physiques et chimiques et dans leurs facteurs environnementaux. Tous les facteurs génétiques sont adéquatement pris en compte au niveau du sous-groupe. Au niveau de la famille de sols, on considère les aspects plus pratiques comme les facteurs physiques qui affectent la croissance des plantes et les utilisations d'ingénierie des sols. L'influence du domaine du génie par rapport au domaine agricole sur le choix des limites pour les classes de familles est presqu'égale. Par exemple, pour les classes granulométriques, la limite de 18 % de la teneur en argile entre les classes limoneux-fin et limoneux-grossier et les classes loameux-fin et loameux-grossier reflète un changement de comportement de plastique à non-plastique, une distinction que les ingénieurs considèrent importante. Il y a des limites semblables à 35 % et à 60 % de la teneur en argile. De l'autre côté, il y a une distinction importante au point de vue agricole, principalement en ce qui concerne la remontée capillaire et la capacité disponible de rétention d'eau, entre les classes loameux-grossier et loameux-fin et les classes limoneux-grossier et limoneux-fin. En fin de compte, le groupement par famille a pour but de permettre le groupement de sols qui répondent de façon semblable à la gestion des sols et, jusqu'à une certaine mesure, aux usages d'ingénierie et aux usages reliés.

C'est pourquoi les sols d'une famille ont en commun une combinaison de propriétés spécifiques importantes qui est adéquate pour un large éventail d'interprétations mais qui ne l'est pas pour les interprétations quantitatives. Les séries de sols sont plus appropriées pour cette dernière tâche. Bien qu'elle ait été utilisée à travers toute l'histoire de la classification des sols au Canada, la catégorie de la série de sols a évolué vers une catégorie de plus en plus spécifique. Certaines des séries de sols, qui ont été établies avant que la catégorie de la famille de sols ne soit introduite, peuvent maintenant être réparties en plusieurs familles de sols. De cette façon, le niveau de la famille de sols devient un cadre (l'étalon de corrélation) pour vérifier et établir des limites appropriées pour les séries de sols.

Les sous-groupes de sols sont divisés en familles d'après certaines propriétés chimiques et physiques et d'autres propriétés du sol reflétant les facteurs environnementaux. Les critères de différentiation de la famille de sols sont uniformes pour les neuf ordres de sols minéraux. Un autre groupe de critères de différentiation est utilisé uniformément pour les sols de l'ordre organique. Les critères de différentiation pour les familles de sols minéraux sont : la granulométrie, la minéralogie, la réaction, la teneur en carbonates, la profondeur, la température et le régime d'humidité du sol. Ceux des familles des sous-groupes organiques sont : les caractéristiques de l'étage supérieur, la réaction, la température du sol, le régime d'humidité du sol, la granulométrie de la couche terrique et le genre de couche limnique. Plusieurs de ces propriétés sont d'importance majeure pour déterminer le degré de durabilité des sols pour diverses utilisations. Un régosol orthique peut être formé de matériau fragmentaire ou argileux ou de tout autre matériau de classe granulométrique intermédiaire; la granulométrie, qui affecte plusieurs utilisations, ne sert pas à diagnostiquer les classes de sols dans les catégories supérieures à la famille de sols. Un chernozem noir régosolique peut avoir un contact lithique à 15 cm ou il peut se trouver dans un profond matériau non consolidé; cette différence importante n'est pas reconnue taxonomiquement dans les niveaux supérieurs à celui de la famille de sols.

Critères et directives pour les familles de sols minéraux

Les critères diagnostiques (classes de réaction, teneur en carbonates et profondeur) sont applicables à la coupe témoin minérale telle que définie au Chapitre 2, alors que les classes granulométriques et minéralogiques sont définies sur une coupe témoin plus restreinte (voir la section portant sur l'application des classes granulométriques et des classes de substitution plus loin dans ce chapitre).

Classes granulométriques

La « granulométrie » se rapporte à la distribution de la grosseur des particules à travers tout le sol, y compris la fraction grossière (> 2 mm). Elle diffère de la texture qui se rapporte seulement à la fraction fine (≤2 mm) du sol. Aussi, les classes texturales sont habituellement assignées à des horizons spécifiques, alors que les classes granulométriques de la famille se rapportent à l'ensemble de la grosseur des particules d'une partie de la coupe témoin qui peut inclure plusieurs horizons. Ces classes granulométriques peuvent être considérées comme un compromis entre les classifications du génie et de la pédologie. La limite entre le sable et le limon est 74 µm dans les classifications du génie et 50 µm ou 20 µm dans les classifications pédologiques. Les classifications du génie sont basées sur le pourcentage en poids de la fraction inférieure à 74 µm, tandis que les classes texturales le sont sur la fraction ≤2 mm.

La fraction de sable très fin, de 0,1 à 0,05 mm, est divisée dans les classifications du génie. Les classes granulométriques font à peu près la même séparation, mais de façon différente. Un sable fin ou un sable fin loameux a normalement une teneur appréciable en sable très fin, mais la plus grande partie de la fraction de sable très fin est plus grossière que 74 µm. Un sédiment limoneux, comme le loess, a aussi une teneur appréciable en sable très fin, mais sa plus grande partie est plus fine que 74 µm. Dans les classes granulométriques, on alloue un certain « flottement » au sable très fin; on l'inclura avec le sable si la texture est de sable fin, de sable fin loameux ou plus grossière et avec le limon si la texture est de sable très fin, de sable très fin loameux, de loam sableux, de loam limoneux ou d'une classe plus fine.

Les classes granulométriques définies ici permettent de choisir entre 7 ou 11 classes, selon le degré de raffinement désiré. Ainsi, la grande classe « argileuse », qui a une teneur de 35 % ou plus d'argile dans la fraction de terre fine des horizons définis, peut être subdivisée en classes « argileuse-fine » (de 35 à 60 % d'argile) et « argileuse-très fine » (60 % ou plus d'argile). Voir la figure 41.

Figure 41 Abaque des classes granulométriques de la famille de sols (à gauche) et des classes texturales de sols (à droite). Les abbreviations utilisées dans le triangle des textures sont : A-Lo, argile lourde; A-Li, argile limoneuse; A, argile; A-S, argile sableuse; L-Li-A, loam limono-argileux; L-A, loam argileux; L-S-A, loam sablo-argileux; L-Li, loam limoneux; L, loam; L-S, loam sableux; Li, limon; S-L, sable loameux; S, sable.

La description de cette image précède.

Voici les classes granulométriques pour les groupements de familles :

Fragmentaire. Comprend plus de 90 % (en volume) de pierres (>250 mm), cailloux (de 75 à 250 mm) et gravier (de 2 à 75 mm), avec trop peu de terre fine (<10 % en volume) pour remplir les interstices plus grands que 1 mm.

Squelettique-sableuse. Les particules > 2 mm occupent 35% ou plus, mais moins de 90 % (en volume) avec assez de terre fine pour remplir les interstices plus grands que 1 mm; la fraction ≤2 mm correspond à celle définie pour la classe granulométrique sableuse.

Squelettique-loameuse. Les particules > 2 mm occupent 35% ou plus, mais moins de 90 % (en volume) avec assez de terre fine pour remplir les interstices plus grands que 1 mm; la fraction ≤2 mm correspond à celle définie pour la classe granulométrique loameuse.

Squelettique-argileuse. Les particules > 2 mm occupent 35% ou plus, mais moins de 90 % (en volume) avec assez de terre fine pour remplir les interstices plus grands que 1 mm; la fraction ≤ 2 mm correspond à celle définie pour la classe granulométrique argileuse.

Sableuse. La texture de la terre fine comprend les sables et les sables loameux, à l'exception des textures du sable très fin loameux et du sable très fin; les particules > 2 mm occupent moins de 35 % du volume.

Loameuse. La texture de la terre fine comprend le sable très fin loameux, le sable très fin et les textures plus fines ayant moins de 35 % d'argile Note de bas de page [note 1a] (en poids); les particules > 2 mm occupent moins de 35 % du volume.

  • Loameuse-grossière. Une granulométrie loameuse ayant ≥15 % (en poids) de sable fin (de 0,25 à 0,1 mm) ou de particules plus grossières, y compris des fragments jusqu'à 75 mm et contenant <18 % d'argile (en poids) dans sa fraction de terre fine.
  • Loameuse-fine. Une granulométrie loameuse ayant ≥15 % (en poids) de sable fin (de 0,25 à 0,1 mm) ou en particules plus grossières, y compris des fragments jusqu'à 75 mm et contenant de 18 à 35 % d'argile Note de bas de page [note 1b](en poids) dans sa fraction de terre fine.
  • Limoneuse-grossière. Une granulométrie loameuse ayant <15% (en poids) de sable fin (de 0,25 à 0,1 mm) ou de particules plus grossières, y compris des fragments jusqu'à 75 mm et contenant < 18 % d'argile Note de bas de page [note 1c] (en poids) dans sa fraction de terre fine.
  • Limoneuse-fine. Une granulométrie loameuse avant <15% (en poids) de sable fin (de 0,25 à 0,1 mm) ou de particules plus grossières, y compris des fragments jusqu'à 75 mm et contenant de 18 à 35% d'argile Note de bas de page [note 1d] (en poids) dans sa fraction de terre fine.

Argileuse. La terre fine contient ≥35% d'argile Note de bas de page [note 1e] (en poids) et les particules > 2 mm occupent moins de 35 % (en volume).

  • Argileuse-fine. Une granulométrie argileuse ayant de 35 à 60 % d'argile Note de bas de page [note 1f] (en poids) dans sa fraction de terre fine.
  • Argileuse-très fine. Une granulométrie argileuse ayant 60% ou plus d'argile Note de bas de page [note 1g] (en poids) dans sa fraction de terre fine.

Classes de substitution pour la granulométrie et la minéralogie

Des termes spéciaux sont utilisés pour certains sols dans lesquels des combinaisons particulières de textures et de minéralogie demandent une emphase spéciale. Présentement, ces termes s'appliquent entre autres aux sols contenant de grandes quantités de cendres et de scories volcaniques et aux sols thixotropiques Note de bas de page [note 2] où la division par classe granulométrique a peu de signification. Les termes «cendreuse» et «scoriacée» s'appliquent à certains sols différenciée autrefois comme sous-groupe andique Note de bas de page [note 3] des sols brunisoliques. Ces termes remplacent les termes de classes de famille de sols à la fois pour la granulométrie et minéralogie.

Scoriacée. Le sol est composé à 60 % ou plus (en poids) de cendres volcaniques et de scories ; 35 % ou plus (en volume) des scories sont composées de particules > 2 mm de diamètre.

Cendreuse. Le sol est composé à 60 % ou plus (en poids) de cendres volcaniques et de scories; moins de 35 % (en volume) des scories sont composées de particules > 2 mm de diamètre.

Squelettique-cendreuse. Les particules > 2 mm de diamètre autres que les scories occupent 35 % ou plus du volume) ; la fraction de terre fine est cendreuse telle que définie précédemment.

Thixotropique. Les particules > 2 mm de diamètre occupent moins de 35 % du volume; La terre fine est thixotropique et le complexe d'échange est dominé par des matériaux amorphes.

Squelettique-thixotropique. Les particules > 2 mm de diamètre autres que les scories occupent 35 % ou plus du volume; la fraction de terre fine est thixotropique telle que définie précédemment.

Application des classes granulométriques et des classes de substitution

Pour assigner les classes granulométriques, on n'utilise couramment qu'une partie de la coupe témoin telle que définie au Chapitre 2 . Les couches de surface sont généralement exclues et on met l'emphase sur les horizons Bn et Bt. Pour appliquer les classes granulométriques, on utilise la moyenne pondérée de la granulométrie d'une partie de la coupe témoin, comme définie plus bas. La moyenne pondérée peut habituellement être estimée, mais dans les cas limites, il peut être nécessaire de calculer le pourcentage de moyenne pondérée d'une ou de plusieurs fractions granulométriques. Ceci se fait en additionnant les produits du pourcentage de fraction granulométrique, multiplié par l'épaisseur de l'horizon pour la portion de la coupe témoin applicable et en divisant par l'épaisseur totale.

S'il y a des classes granulométriques fortement contrastantes, comme celles du tableau 1, les deux sont indiquées, p. ex. loameux-fin sur sableux.

Tableau 1. Classes granulométriques fortement contrastantes
  Loameux Argenteux
  Fragmentaire Squelettique-sableux Squelettique-loameux Squelettique-argileux Sableux Loameux-grossier Limoneux-grossier Loameux-fin Limoneux-fin Argileux-fin Argileux-très fin Scoriacée Cendreuse Thixotropique
  Over[1]
Les combinaisons acceptées sont marquées d'un X à l'intersection.
Pour les X soulignée, on peut utiliser le terme plus général de loameux si on le désire.
[1] Exemple d'un usage: Squelettique-loameux sur fragmentaire (X à l'intersection).
Fragmentaire     X X   X X X X X X     X
Squelettique-sableux       X   X X X X X X X   X
Squelettique-loameux X                 X     X X
Squelettique-argileux X X     X                  
Sableux X     X     X X X X X X   X
Loameux X X     X         X X X X X
Argileux X X X   X X X X X          
Scoriacée                         X  

Voici les directives quant à la portion de la coupe témoin à utiliser pour établir les classes granulométriques des familles de sols :

  1. Dans les sols qui ont, à moins de 35 cm de la surface du sol minéral :
    1. Un contact lithique, la granulométrie est déterminée sur l'ensemble du matériau minéral au-dessus du contact lithique.
    2. Une couche de pergélisol Note de bas de page [note 4], la granulométrie est déterminée sur l'ensemble du matériau minéral entre la surface du sol minéral et une profondeur de 35 cm.
  2. Pour les autres sols qui n'ont pas d'horizon Bt ou Bn Note de bas de page [note 5] significatif, la granulométrie est déterminée dans la partie de la coupe témoin située à la limite inférieure de l'horizon Ap, ou à une profondeur de 25 cm sous la surface du sol minéral selon laquelle est la plus profonde, et jusqu'à :
    1. une profondeur de 1 m;
    2. un contact lithique; ou
    3. une profondeur de 25 cm sous la limite supérieure d'une couche de pergélisol, suivant laquelle est la moins profonde.
  3. Pour les autres sols qui ont un horizon Bt ou Bn Note de bas de page [note 6] significatif s'étendant à une profondeur plus grande que 25 cm de la surface du sol minéral, la granulométrie est déterminée :
    1. dans les 50 cm supérieurs de l'horizon Bt ou Bn (ou dans tout l'horizon s'il est de moins de 50 cm d'épaisseur), s'il n'y a pas de classes granulométriques fortement contrastantes dans ou sous l'horizon et qu'il n'y a pas de contact lithique à une profondeur de moins de 50 cm à partir du sommet des horizons Bt ou Bn;
    2. dans la partie de la coupe témoin située entre le sommet de l'horizon Bt ou Bn et la profondeur de 1 m, ou jusqu'à un contact lithique selon lequel est le moins profond, s'il y a des classes granulométriques fortement contrastantes dans les horizons Bt ou Bn;
    3. entre 25 cm et 100 cm de profondeur, s'il n'y a pas de classes fortement contrastantes dans ou sous l'horizon Bt ou Bn mais qu'il y a un horizon A fortement contrastant de plus de 50 cm d'épaisseur.
  4. Si la base d'un horizon Bt ou Bn significatif ou la partie de la coupe témoin minérale dans laquelle elle se trouve est à moins de 25 cm de la surface du sol minéral, la classe granulométrique est évaluée à partir de la limite inférieure sous la partie supérieure de l'horizon Bt ou du Bn, ou sous la base de l'horizon Ap, selon lequel est le moins profond :
    1. une profondeur de 1 m, ou
    2. un contact lithique, suivant lequel est le moins profond.

Classes granulométriques et classes de substitution

Ces classes identifient des variations majeures dans la coupe témoin qui affectent des propriétés telles que le mouvement et la rétention de l'eau. Ils mettent en évidence des caractéristiques qui ne peuvent pas être identifiées à des niveaux taxonomiques supérieurs.

L'épaisseur minimale significative d'une couche fortement contrastante est de 15 cm. Les classes granulométriques du Tableau 1 sont très contrastantes lorsque la transition est de moins de 12 cm d'épaisseur. Pour les classes squelettique-cendreuse et squelettique-thixotropique, on consulte le tableau sous : squelettique-argileux.

Lorsque trois couches très contrastantes se trouvent dans la coupe témoin, la plus basse des couches et la plus épaisse des couches supérieures sont utilisées pour établir les classes contrastantes.

Les classes granulométriques très contrastantes se nomment comme suit : sableux sur argileux, fragmentaire sur sableux, etc.

Classes minéralogiques

Les classes minéralogiques de la famille de sols sont basées sur la composition minéralogique des fractions granulométriques sélectionnées dans la partie de la coupe témoin utilisée pour la désignation des classes granulométriques. S'il y a des classes granulométriques contrastantes, seule la minéralogie de la couche contrastante supérieure est employée pour définir la minéralogie de la famille. Les sols se placent dans la première classe minéralogique du tableau 2 à laquelle ils peuvent être accommodés, même s'ils rencontrent les critères d'autres classes, comme lors de l'utilisation d'une clé de classification. Ainsi, un sol qui a un équivalent en CaCO3 de 40 % ou plus à travers la coupe témoin, combiné à un mélange de quartz, feldspath, illite et vermiculite, sera désigné comme appartenant à la classe minéralogique de la famille carbonatique.

En l'absence de données, le classement des sols reposera généralement sur le jugement. Plusieurs des classes minéralogiques sont rares au Canada et sont reliées à des matériaux parentaux spécifiques. La plupart des sols du Canada ont une minéralogie mixte, si ce n'est l'exception notable des sols argileux smectitiques des Plaines intérieures de l'Ouest du Canada.

Tableau 2a Clé des classes minéralogiques - Classes applicables aux familles de sol de toute granulométrie
Classe Définition Fraction granulométrique déterminante
Carbonatique lus de 40 % (en poids) de carbonates (exprimé en CaCO3) avec gypse; les carbonates sont > 65 % de la somme des carbonates et du gypse> Tout le sol à particules ≤2 mm de diamètre ou tout le sol ≤ 20 mm, selon que l'un ou l'autre a le plus haut pourcentage de carbonates et de gypse
Sepentinique Plus de 40 % (en poids) de minéraux de serpentine (antigorite, chrysotile, fibrolite et talc) Tout le sol à particules ≤2 mm de diamètre
Gypsique Plus de 40 % (en poids) de carbonates (exprimé en CaCO3) avec gypse; le gypse est > 35 % de la somme des carbonates et du gypse Tout le sol à particules ≤2 mm de diamètre ou tout le sol ≤ 20 mm, selon que l'un ou l'autre a le plus haut pourcentage de carbonates et de gypse
Sulfureuse Sols contenant soit des sulfates de fer, ordinairement de la jarosite, si le pH après oxydation est inférieur à 3,5, soit plus de 0,75 % de souffre sous forme de polysulfures, si le sol contient moins que le triple de carbonates (en équivalent CaCO3) par rapport au souffre Tout le sol à particules ≤2 mm de diamètre

Tableau 2b Clé des classes minéralogiques - Classes applicables aux familles de sol de granulométrie fragmentaire, sableuse, squelettique-sableuse, loameuse ou squelettique-loameuse
Classe Définition Fraction granulométrique déterminante
[1] On évalue Ie pourcentage en poids par Ie comptage des grains. Habituellement, un comptage fait sur 1 au 2 fractions granulométriques dominantes, déterminées par une analyse granulométrique conventionnelle, suffit pour classer Ie sol.
Micacée Plus de 40 % (en poids)[1] de mica de 0,02 à 2 mm
Siliceuse Plus de 90 % (en poids)[1] de minéraux siliceux (quartz, calcédoine ou opale) et autres minéraux extrêmement durables et résistants à l'altération de 0,02 à 2 mm
Mixte Tous les autres ayant < 40 % (en poids)[1] de tout minéral autre que le quartz ou le feldspath de 0,02 à 2 mm

Tableau 2c Clé des classes minéralogiques - Classes applicables aux sols de granulométrie argileuse[1] ou squelettique-argileuse
Classe Définition Fraction granulométrique déterminante
[1] Les descriptions des minéraux d' argile pour les sols argileux sont basées sur Ie pourcentage en poids de I'analyse granulométrique de la fraction de terre fine (≤ 2,0 mm).
Kaolinitique Plus de 50 % (en poids) de kaolinite, de halloysite tabulaire, de dickite et de nacrite et des quantités moindres d'autres phyllosilicates de type 1/1 ou non gonflants de type 2/1 ou de gibbsite et <10 % (en poids) de smectite < 0,002 mm
Smectitique Plus de 50 % (en poids) de smectite montmorillonite ou nontronite) ou un mélange contenant une quantité plus grande de smectite que tout autre minéral argileux < 0,002 mm
Illitique Plus de 50 % (en poids) d'illite (hydro mica) et habituellement > 4 % de K2O < 0,002 mm
Vermiculitique Plus de 50 % (en poids) de vermiculite ou plus de vermiculite que tout autre minéral argileux < 0,002 mm
Chloritique Plus de 50 % (en poids) de chlorite ou plus de chlorite que tout autre minéral argileux < 0,002 mm
Mixte Autres sols < 0,002 mm

Classes de profondeur du sol

Les classes de profondeur ne sont applicables qu'aux sols minéraux ayant un contact lithique ou une couche de pergélisol à moins de 1 m de profondeur. Dans les classes suivantes, pour les sols minéraux, la profondeur est mesurée de la surface du sol minéral au contact :

Classes de profondeur du sol
Classe Profondeur (cm)
Lithique extrêmement mince < 20 cm
Lithique très mince de 20 à 50 cm
Lithique mince de 50 à 100 cm
Cryique extrêmement mince < 20 cm
Cryique très mince de 20 à 50 cm
Cryique mince de 50 à 100 cm

Classes de réaction

On présume que la gamme des pH du solum est suffisamment bien caractérisée au niveau du sous-groupe pour la plupart des sols et qu'ils ne requièrent aucune considération spéciale au niveau de la famille de sols. Des différences importantes de réaction, dans les sous-groupes de gleysols et de luvisols gris peuvent être introduites au niveau de la série de sols. Les classes de réaction des familles de sols ne sont donc applicables qu'à l'horizon C des sols minéraux. Elles sont utilisées dans tous les sous-groupes à l'exception des cas qui font double emploi, comme dans les ordres chernozémique et solonetzique, dans les grands groupes des luvisols brun gris, des brunisols mélaniques et des brunisols eutriques, ainsi que pour les sols des familles minéralogiques sulfureuses.

Classes de réaction
Classe pH
Acide < 5,5
Neutre 5,5 à 7,4
Alcalin ≥ 7,4

Classes calcaires

On présume que les niveaux de carbonates (exprimé en équivalent de CaCO3) dans le solum sont suffisamment bien connus à partir de la classification des sous-groupes de la plupart des sols et qu'ils ne requièrent aucune considération spéciale au niveau de la famille de sols. Des différences importantes dans la teneur en carbonate dans les sous-groupes de gleysols et de luvisols gris peuvent être introduites au niveau de la série de sols. C'est pourquoi les classes calcaires des familles ne sont donc applicables qu'à l'horizon C des sols minéraux ou à l'horizon minéral surmontant un contact lithique qui occupe les premiers 25 cm sous le sommet d'une couche de pergélisol, comme indiqué dans les classes de réaction. Elles sont utilisées dans tous les sols dotés d'horizons Ck ou Cca.

Classes calcaires
Classe Équivalent de CaCo3 (%)
Faiblement calcaire < 5,5
Fortement calcaire 5,5 à 7,4
Extrêmenent calcaire ≥ 40

La classe extrêmement calcaire fait redondant dans le cas des sols à minéralogie carbonatique.

Classes et sous-classes de pédoclimats des sols minéraux

Les classes pédoclimatiques sont applicables à tous les sols et les critères employés sont ceux de la carte pédoclimatique du Canada (Clayton et coll., 1977). Dans ce système les sols peuvent être groupés selon leur classe de température du sol (tableau 3) et leur sous-classe d'humidité du sol (tableau 4).

Tableau 3: Classes de températures du sol
Classe Description
[1] TAMS : Température annuelle moyenne du sol.
[2] Partie du sol qui est soumise au gel et au dégel saisonnier.
[3] TEMS : Température estivale moyenne du sol.
[4] Saison dormante < 5 °C.
Extrêmement froid
  • TAMS[1] < -7 °C
  • Pergélisol continu habituellement présent sous la couche active[2] à moins de 1 m de la surface du sol
  • Saison de croissance très courte, < 15 jours à >5 °C
  • Demeure gelé dans la partie inférieure de la coupe témoin
  • Été froid à très frais, TEMS[3] < 5 °C
  • Aucune période thermale chaude >15 °C

Très froid

  • TAMS de -7 à < 2°C
  • Un pergélisol discontinu peut se trouver sous la couche active, à moins de 1 m de la couche de surface du sol.
  • Les sols aux régimes aquiques demeurent généralement gelés à l'intérieure de la coupe témoin
  • Saison de croissance courte, <120 jours à > 5 °C
  • Les degrés-jours à > 5 °C sont < 555
  • Été modérément frais, TEMS de 5 à 8 °C
  • Aucune période thermale chaude >15 °C

Froid

  • TAMS de 2 à 8 °C
  • Aucun pergélisol
  • Les sols non dérangés sont généralement gelés en certaines parties de la coupe témoin pour une partie de la période dormante[4]
  • Les sols sous régimes aquiques peuvent demeurer gelés pour une partie de la saison de croissance
  • Période de végétation modérément courte à modérément longue, de 120 à 220 jours à >5 °C
  • Les degrés-jours à >5 °C sont de 555 à 1 250
  • Été doux. TEMS de 8 à 15 °C
  • Période thermale chaude non significative ou très courte, de 0 à 50 jours à >15 °C
  • Les degrés-jours à >15 °C sont de <30

Frais

  • TAMS de 5 à 8 °
  • Les sols non dérangés peuvent être gelés ou ne pas l'être dans une partie de la coupe témoin pour une courte partie de la période dormante
  • Saison de croissance modérément courte à modérément longue, de170 à 220 jours >5 °C
  • Les degrés-jours à >5 °C sont de 1 250 à 1 720
  • Été doux à modérément chaud, TEMS de 15 à 18 °C
  • Période thermale chaude significative, très courte à courte, <120 jours à >15 °C
  • Les degrés-jours à > 15 °C sont de 30 à 220

Doux

  • TAMS de 8 à 15 °C
  • Les sols non dérangés sont rarement gelés durant la période dormante
  • Saison de croissance modérément longue à presque continue, de 200 à 365 jours à >5 °C
  • Les degrés-jours à >5 °C sont de 1 720 à 2 775
  • Été modérément chaud à chaud, TEMS de 15 à 22 °C :
  • Période thermale chaude, courte à modérée, <180 jours à > 15 °C
  • Les degrés-jours à > 15 °C sont de 170 à 670


Tableau 4: Sous-classes d'humidité du sol
Régime Sous-classe Description
[1] Le terme «indice climatique d'humidité» (ICH) exprime la précipitation de la saison de croissance (> 5°C) en pourcentage de la quantité potentielle d'eau utilisée par les cultures annuelles lorsque l'eau du sol est facilement disponible.

ICH = (P/ (P+EE+IR)) ×100

P = Précipitation de la station de végétation
EE = Eau disponible aux récoltes , emmagasinée dans le sol au début de la saison de végétation.
IR = Besoin en eau d'irrigation ou déficit d'eau pour la saison de végétation
Aqueux   Stagnation continuelle de l'eau à la surface du sol
Aquique   Le sol est saturé pour des durées significatives durant la période végétative
  Peraquique Le sol est saturé pour de très longues périodes

La nappe phréatique est à la surface ou à la portée du réseau capillaire
Aquique Le sol est saturé pour des périodes modérément longues
Subaquique Le sol est saturé pour de courtes périodes
Humides non saturés   Déficits d'eau de périodes et d'intensités variables durant la saison de croissance
  Perhumide Aucun déficit d'eau significatif durant la saison de croissance

Déficits d'eau <2,5 cm; indice climatique d'humidité (ICH) >84
  Humide Très faibles déficits durant la période végétative

Déficits d'eau de 2,5 à 6,5 cm. ICH de 74 à 84
  Subhumide Déficits d'eau significatifs durant la période végétative

Déficits d'eau de 6,5 à 13 cm. ICH de 59 à 73
  Semi-aride Déficits modérément graves durant la période végétative

Déficits d'eau de 13 à 19 cm. ICH de 46 à 58
  Subaride Graves déficits durant la période végétative

Déficits d'eau de 19 à 38 cm dans les régimes frais et froid; 19 à 51 cm dans les régimes doux. ICH de 25 à 45
  Aride Déficits très graves durant la période végétative

Déficits d'eau ≥38 cm dans les régimes frais et ≥ 51 cm dans les régimes doux. ICH <25

Plutôt que de se fier aux données de la carte pour une région déterminée, il vaudrait mieux évaluer l'emplacement particulier du sol d'après les observations des variations locales du climat et du microclimat. L'extrapolation à partir des données du poste météorologique local doit être faite en tenant compte de tous les aspects non représentatifs de l'endroit, comme la végétation et l'exposition. Une estimation utile de la température estivale moyenne du sol (TEMS) peut être obtenue en faisant la moyenne des températures du sol à 50 cm mesurés au milieu des mois de juillet, d'août et de septembre.

Note de bas de page

Note de bas de page 1

Les carbonates de la dimension de l'argile ne sont pas considérés comme de l'argile, mais comme du limon.

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Note de bas de page 2

La thixotropie est la capacité qu'ont certains matériaux visqueux ou très humides de se liquéfier après une agitation et de reprendre leur état initial au repos.

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Note de bas de page 3

Sols dévelopés dans un matériau riche en verre ou dont le complexe d'échange est dominé par des matériaux amorphes.

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Note de bas de page 4

Une couche de pergélisol est une couche de sol gelé pendant toute l'année (TAMS < 0°C).

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Note de bas de page 5

À cette fin un horizon Bt significatif a au moins 15 cm d'épaisseur et a une limite supérieure à moins de 50 cm sous la surface du sol minéral.

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Note de bas de page 6

À cette fin un horizon Bt ou Bn significatif a au moins 15 cm d'épaisseur et a une limite supérieure à moins de 50 cm de la surface du sol minéral.

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