Chapitre 15 : Phase du sol
Une phase de sol est une unité de sol en dehors du système de taxonomie des sols. C'est une unité fonctionnelle qui peut être désignée selon le besoin de la prospection. Des phases de taxons peuvent être définies à tous les niveaux de catégories, de l'ordre à la série de sols. De plus, les stations non classés en taxonomie comme les terrains rocheux et les pentes abruptes peuvent être désignés comme phases du sol sur la carte des sols. Les deux principales raisons pour la différenciation des phases du sol sont :
- Pour reconnaître et nommer les propriétés du sol et du paysage qui ne sont pas employées comme critères en taxonomie : Par exemple; la pente ou l'érosion.
- Pour reconnaître et nommer, à un niveau de catégorie relativement élevé, des propriétés du sol qui sont utilisées comme critères de différentiation à un niveau inférieur de catégorie. Par exemple la profondeur d'une couche lithique est un critère de famille, mais elle peut être employée comme critère de phase du sol aux niveaux de l'ordre, du grand groupe ou du sous-groupe de sols, comme des sols brunisoliques, phase lithique très mince.
Les propriétés reconnues ci-dessus doivent être associées aux étendues de sol et de non-sol telles que cartographiées. Les principales différenciations de phase de sols sont énumérées ici.
Pente
Les classes de pente sont définies comme suit :
Classe de pente | Pourcentage de pente (%) | Degrés de pente (°) | Terminologie |
---|---|---|---|
1 | 0 à 0,5 | 0 | Horizontal |
2 | de 0,5 à 2 | de 0,3 à 1,1 | Subhorizontal |
3 | de 2 à 5 | de 1.1 à 3 | Pente très faible |
4 | de 5 à 10 | de 3 à 5 | Pente faible |
5 | de 10 à 15 | de 5 à 8,5 | Pente modérée |
6 | de 15 à 30 | de 8,5 à 16,5 | Pente forte |
7 | de 30 à 45 | de 16,5 à 24 | Pente très forte |
8 | de 45 à 70 | de 24 à 35 | Pente extrême |
9 | de 70 à 100 | de 35 à 45 | Pente abrupte |
10 | > 100 | > 45 | Pente très abrupte |
Par exemple, brunisol dystrique et affleurement rocheux, pentes modérées.
Érosion hydrique
Les classes suivantes d'érosion hydrique telles que définies dans le Soil Survey Manual du ministère de l'Agriculture des États-Unis, pages 261-264 (Soil Survey Staff, 1951), sont utilisées comme phases du sol.
Classe W1, phase d'érosion légère
Jusqu'à 25 % de l'horizon A original peut avoir été enlevé d'une grande partie de l'étendue. Dans la plupart des cas, les sols ayant ce genre d'érosion ne diffèrent pas de façon significative des sols non érodés quant à leur potentiel d'utilisation et leurs exigences de gestion.
Classe W2, phase d'érosion modérée
Environ 25 à 75 % de l'horizon A original peut avoir été enlevé d'une grande partie de la superficie. L'horizon Ap présent consiste en un mélange de matériau de l'horizon sous-jacent avec celui de l'horizon A original. Il peut y avoir des ravins peu profonds.
Classe W3, phase d'érosion sévère
Plus d'environ 75 % de l'horizon A original et généralement une partie de l'horizon B ont été enlevés d'une grande partie de la superficie. Les ravins peu profonds sont fréquents et il peut y avoir quelques ravins profonds.
Classe W4, phase d'érosion en ravins
Le terrain est découpé par des ravins modérément profonds à profonds avec de petites étendues de sol intactes entre les ravins. Le terrain est impropre à la culture à moins d'y entreprendre des travaux de restauration.
Érosion éolienne
Les classes suivantes d'érosion éolienne telles que définies dans le Soil Survey Manual, du ministère de l'Agriculture des États-Unis, page 267 (Soil Survey Staff, 1951), sont utilisées comme phases du sol.
Classe D1, phase d'érosion éolienne légère
Le vent a enlevé de 25 à 75 % de l'horizon A original et, avec les travaux de culture, le matériau sous l'horizon A de surface se mêle à ce qui reste de l'horizon de surface original.
Classe D2, phase d'érosion éolienne sévère
Le vent a enlevé plus de 75 % de l'horizon A original et, habituellement, une partie de l'horizon sous-jacent.
Classe D3, phase de sol emporté par le vent
Le vent a enlevé une grande partie du solum et il y a plusieurs cuvettes de déflation qui ont entaillées le matériau parental. Certaines étendues entre les cuvettes sont recouvertes d'épais dépôts de sols provenant de la déflation. Le terrain est impropre à la culture à moins d'y faire de grands travaux de restauration.
Dépôt de sol
Les phases de dépôt telles que définies dans le Soil Survey Manual du ministère de l'Agriculture des États-Unis, pages 295-296 (Soil Survey Staff, 1951), sont couramment employées au Canada. Les deux phases de sols se définissent comme suit :
Phase de recouvrement éolien
Les dépôts à la surface du sol de matériaux provenant de l'érosion éolienne sont assez épais pour influencer de manière importante la gestion du sol, mais pas assez épais pour détruire les caractéristiques essentielles de la série de sols.
Phase de recouvrement alluvionnaire
Les dépôts à la surface du sol de matériaux provenant de l'érosion hydrique sont assez épais pour influencer de manière importante la gestion du sol, mais pas assez épais pour détruire les caractéristiques essentielles de la série de sols.
Pierrosité
Les phases de pierrosité sont définies dans le Soil Survey Manual du ministère de l'Agriculture des États-Unis, pages 216 à 220 (Soil Survey Staff, 1951). Les six phases de pierrosité sont définies selon le pourcentage de surface du terrain occupée par les fragments grossiers de plus de 25 cm de diamètre.
Classe S0, phase non pierreuse
Pas ou très peu de pierres (sur moins de 0,01% de la surface) et la distance entre les pierres est de plus de 25 m.
Classe S1, phase légèrement pierreuse
Quelques pierres sont présentes et elles nuisent légèrement ou pas du tout à la culture du sol (sur 0,01 à 0,1% de la surface du terrain et la distance entre les pierres est de 8 à 25 m).
Classe S2, phase modérément pierreuse
Il y a assez de pierres pour nuire à la culture du sol (sur 0,1 à 3 % de la surface et la distance entre les pierres est de 1 à 8 m).
Classe S3, phase très pierreuse
Les pierres sont suffisamment nombreuses pour entraver gravement la culture (sur 3 à 15 % de la surface du terrain et la distance entre les pierres est de 0,5 à 1 m). Un certain épierrement est nécessaire.
Classe S4, phase extrêmement pierreuse
Les pierres entravent la culture du sol (sur 15 à 50 % de la surface du terrain et la distance entre les pierres est de 0,1 à 0,5 m) à moins qu'un bon épierrement ne soit fait.
Classe S5, phase excessivement pierreuse
Les pierres sont trop nombreuses pour permettre la culture du sol (sur plus de 50 % de la surface du terrain et la distance entre les pierres est moins de 0,1 m). C'est un terrain pavé de blocs ou de pierres.
Affleurement rocheux (Roccosité)
Les classes de roccosité sont définies dans le Soil Survey Manual du ministère de l'Agriculture des États-Unis, pages 220 à 223 (Soil Survey Staff, 1951). Les six phases de roccosité sont définies selon le pourcentage de surface de terrain occupée par les affleurements rocheux.
Classe R0, phase non rocheuse
Les affleurements rocheux n'affectent pas gravement les travaux du sol. Selon leur position, les affleurements rocheux sont distants de plus de 100 m les uns des autres et couvrent moins de 2 % de la surface.
Classe R1, phase légèrement rocheuse
Les affleurements rocheux nuisent aux travaux du sol, mais pas assez pour rendre les cultures sarclées impraticables. Selon leur position, les affleurements rocheux sont distants d'environ 35 à 100 m les uns des autres et couvrent de 2 à 10 % de la surface.
Classe R2, phase modérément rocheuse
Les affleurements rocheux rendent impraticables les travaux du sol de cultures sarclées, mais si les autres caractéristiques du sol sont favorables, le sol peut être préparé pour les récoltes de foin ou pour le pâturage amélioré. Selon leur position, les affleurements rocheux sont distants d'environ 10 à 35 m les uns des autres et couvrent environ de 10 à 25 % de la surface
Classe R3, phase très rocheuse
Les affleurements rocheux rendent impraticable toute utilisation d'instruments agricoles, à l'exception d'instruments légers. Là où les autres caractéristiques du sol sont particulièrement favorables, la terre peut offrir une certaine possibilité d'utilisation pour le pâturage naturel ou la forêt. Selon leur position, les affleurements rocheux sont distants d'environ 3,5 à 10 m les uns des autres et couvrent environ de 25 à 50 % de la surface.
Classe R4, phase extrêmement rocheuse
Les affleurements rocheux sont assez nombreux ou l'épaisseur du sol sur le roc est insuffisante pour rendre impraticable l'utilisation des instruments agricoles. La terre peut avoir une certaine valeur pour de maigres pâturages ou pour la forêt. Selon leur position, les affleurements rocheux sont distants de moins de 5 m entre eux et couvrent environ de 50 à 90 % de la surface.
Classe R5, phase excessivement rocheuse
Les affleurement rocheux couvrent plus de 90 % de la surface.
Phase folique
Tout sol minéral dont l'horizon de surface est formé de 15 à 40 cm de matériau folique peut être désigné comme un sol de phase folique
Phase tourbeuse
Tout sol minéral dont l'horizon supérieur est formé de 15 à 60 cm de matériau organique fibrique ou de 15 à 40 cm de matériau mésique ou humique peut être désigné comme un sol de phase tourbeuse.
Phase cryique
Tout sol minéral ou organique non perturbé ayant un pergélisol à moins de 1 m de la surface du sol, ou tout sol minéral cryoturbé qui a un pergélisol à moins de 2 m sous la surface du sol peut être désigné comme un sol de phase cryique.
Phase cryoturbé
Tout sol minéral ou organique sans pergélisol qui a un ou plusieurs horizons cryoturbés peut être désigné comme un sol de phase cryoturbé.
Autres différenciations
Les autres différenciations employées taxonomiquement aux niveaux de catégories inférieures sont principalement les critères de la famille de sols et certains critères de série de sols qui peuvent être utilisés pour les phases aux niveaux de l'ordre, du grand groupe et du sous-groupe comme phase du sol.
Critères de famille de sols
Voir les définitions au chapitre 14.
Granulométrie. Par exemple, podzols humo-ferriques, phase fragmentaire. La classe de texture de la couche minérale de surface d'une série de sols peut être indiquée comme une phase. Par exemple, Breton, phase loam limoneux .
Classes de substitution. (granulométrie) par exemple brunisols dystriques, phase scoriacée.
Minéralogie. Par exemple chernozem noir, phase smectitique.
Profondeur. Par exemple régosol, phase lithique mince (contact lithique entre 50 et 100 cm de la surface du sol minéral) ; cryosol organique, phase cryique très mince (couche de pergélisol entre 40 à 100 cm de profondeur).
Réaction. Par exemple régosol, phase alcaline.
Calcaire. Par exemple chernozem brun foncé régosolique, phase extrêmement calcaire.
Pédoclimat. Par exemple podzol, phase froid, perhumide.
D'autres critères de famille de sols pour les sols organiques peuvent aussi être employés comme phase du sol des catégories supérieures. Ce sont les caractéristiques de l'étage supérieur, p. ex.. mésisols, phase loameuse-fine ; la réaction, p. ex.. fibrisols typiques, phase dysique, et le genre de matériau limnique, p. ex. mésisol limnique, phase terre de diatomée.
Critères de séries de sols
Dislocation physique. Par exemple podzol humo-ferrique, phase turbique.
Salinité. Par exemple chernozem brun orthique, phase saline.
Influence de cendres volcaniques. Par exemple brunisol dystrique orthique, phase andique.
Carbonates secondaires dans l'horizon A. Par exemple chernozem brun orthique, phase carbonatée.
D'autres caractéristiques de série de sols peuvent aussi être signalés comme phases des catégories supérieures.
Ainsi, les caractéristiques de différentiation des sous-groupes de sols peuvent être utilisés pour indiquer des phases de sol des classes au niveau de l'ordre, p. ex. sols podzoliques, phase gleyifiée.
Source : Le système Canadien de classification des Sols (3ième éditions)