Chapitre 1 - Introduction

Historique de la classification des sols au Canada

Les premières années, de 1914 à 1940

Au Canada, la classification des sols a débuté en Ontario, où la première prospection pédologique a été réalisée en 1914. Au moment où A.J. Galbraith se disposait à cartographier les sols du sud de l'Ontario, les concepts pédologiques et les méthodes de classification des sols étaient rudimentaires en Amérique du Nord. G.N. Coffey, antérieurement du Bureau des sols des États-Unis, a conseillé Galbraith, lors des premières étapes de la prospection. Le système de classification utilisé était celui du Bureau des sols des États-Unis; celui-ci était principalement fondé sur le matériau géologique et la texture (Ruhnke, 1926). En 1920, neuf « séries de sols » avaient déjà été cartographiées à travers tout l'Ontario méridional, au sud de Kingston. À cette époque, le sens très large attribué aux « séries de sols » d'alors était quelque peu analogue aux formations géologiques, puis s'est progressivement restreint jusqu'à nos jours.

Les changements au système de classification des sols du Canada résultent de l'action combinée des développements internationaux dans les concepts des sols et d'une connaissance croissante des sols canadiens. Dès l'époque des premières prospections, les pédologues canadiens ont été influencés par la notion du sol en tant qu'objet naturel réunissant les effets du climat et de la végétation agissant avec le temps sur les matériaux de surface. Ce concept a été introduit par Dokuchaev, vers 1870, puis développé par d'autres scientifiques russes et proclamé en Europe de l'Ouest par Glinka dans un livre en langue allemande publié en 1914. La traduction de ce livre par Marbut a rendu ce concept russe du sol, en tant qu'objet naturel, facilement accessible à tous les anglophones (Glinka, 1927). Ce concept est de première importance pour la science du sol, car il rend possible la classification des sols d'après les propriétés mêmes des sols et non d'après la géologie, le climat ou d'autres facteurs. De tels systèmes de classification basés sur les propriétés intrinsèques des objets classés, s'appellent des systèmes naturels ou taxonomiques.

La reconnaissance des relations entre les caractéristiques du sol et les facteurs du climat et de la végétation ne se limitait pas aux scientifiques russes. Aux États-Unis, Hilgard avait noté cette association dans un livre publié en 1860 (Jenny, 1961) et Coffey avait reconnu les sols comme étant des corps naturels dès 1912 (Kellogg, 1941). Cependant, le développement du concept des sols en tant que corps naturels dotés d'horizons reflétant l'influence des facteurs formateurs du sol, particulièrement du climat et de la végétation, peut être attribué à l'école russe.

Lors des toutes premières prospections pédologiques dans les provinces des Prairies, durant les années 20, la classification était basée sur la texture, mais une attention accrue sur la zonalité des sols et le profil du sol apparaît évidente dans les rapports pédologiques de cette époque. Au premier Congrès international de la science du sol, en 1927, Wyatt et Joel ont présenté des cartes préliminaires des zones de sols de l'Alberta et de la Saskatchewan. Ces cartes montraient les larges bandes de sols brun, noir et gris. Ce congrès et les excursions qu'on fit sur le terrain ont sensibilisé les pédologues canadiens avec les concepts internationaux sur les sols et les systèmes de classification des sols.

Les progrès dans la classification des sols se sont produits indépendamment dans chaque province puisque la prospection pédologique relevait des départements de science du sol ou de chimie des universités. Par exemple, un système de numération indiquant la zone du sol, la nature du matériau parental, le mode de déposition, les caractéristiques du profil et la texture a été mis au point en Alberta. Au Manitoba, J.H. Ellis a reconnu l'impossibilité d'établir une taxonomie scientifique des sols basée sur le peu de connaissances des sols canadiens durant les années 20. Influencé par les concepts de C.C. Nikiforoff au Minnesota, Ellis a établi un système de classification des sols sur le terrain, qui s'est révélé utile pour la cartographie des sols et existe encore aujourd'hui sous diverses formes révisées. Ce système identifiait des « associations de sols » issue de matériaux parentaux semblables alors que les « sols associées » différaient entre eux selon leur position topographique à l'intérieur de l'association de sols (Ellis, 1932, 1971).

Durant les années 30, des prospections pédologiques ont été exécutées en Ontario et dans les provinces des Prairies; elles ont débuté en Colombie-Britannique en 1931, au Québec et en Nouvelle-Écosse en 1934, au Nouveau-Brunswick en 1938, à l'Île-du-Prince-Édouard en 1943, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Yukon en 1944 et à Terre-Neuve en 1949. Les quelques classificateurs de sols étaient employés en permanence par les ministères fédéral et provinciaux de l'Agriculture, durant les années 30 et ils travaillaient en collaboration avec le personnel des départements de science du sol des universités. Dès 1936, environ 15 000 000 ha (1,7 % des terres du Canada) avaient été prospectés, surtout en Alberta, en Saskatchewan et en Ontario. Une connaissance fragmentaire des sols du Canada limitait alors la classification des sols.

Dans les années 30, les idées de Marbut sur la classification des sols, le système de classification sur le terrain d'Ellis (Ellis, 1932) et le système de classification du ministère de l'Agriculture des États-Unis (Baldwin et coll., 1938) influencèrent les pédologues canadiens. La catégorie supérieure de ce dernier système divisait les sols en trois ordres de sols :

  1. Sols zonaux - Sols dotés de caractéristiques bien développées qui reflètent l'influence des facteurs actifs de la genèse des sols tels que le climat, les organismes, et surtout la végétation, (p. ex. les podzols).
  2. Sols intrazonaux - Sols dotés de caractéristiques plus ou moins bien définies qui reflètent l'influence de quelques facteurs locaux comme le relief ou le matériau parental prédominant sous les effets du climat et de la végétation, (p. ex. les gleysols humiques).
  3. Sols azonaux - Sols sans caractéristiques bien développées, dû soit à leur immaturité ou à des facteurs quelconques de relief ou de matériau parental, (p. ex. les sols alluviaux).

Les sols zonaux étaient divisés, au niveau du sous-ordre, selon des facteurs climatiques et les sous-ordres étaient subdivisés en grands groupes plus ou moins semblables à ceux d'aujourd'hui. L'expérience canadienne indique que le concept de sols zonaux s'est révélé utile dans les plaines de l'Ouest, mais moins applicable dans l'Est du Canada. À cet endroit, les facteurs dû au matériau parental et au relief ont eu une influence prédominante sur les propriétés et le développement des sols. Le système de 1938 du ministère de l'Agriculture des États-Unis a été néanmoins utilisé au Canada et il a influencé le développement subséquent du système canadien.



De 1940 à 1996

La formation du Comité national de la classification des sols (CNCS) a été une étape importante dans l'évolution de la classification des sols et de la pédologie en général au Canada. La première réunion d'organisation s'est tenue à Winnipeg, en 1940, sous les auspices de la Section des sols de la Société des techniciens agricoles du Canada (Ellis, 1971). Des sous-comités ont été organisés pour préparer des rapports sur six thèmes principaux, dont la classification des sols. Sous l'initiative de E.S. Archibald, directeur du Service des fermes expérimentales, le CNCS est devenu une commission du Comité consultatif des services agricoles du Canada. Le premier comité exécutif du CNCS comprenait : A. Leahey, président; P.C. Stobbe, secrétaire; F.A. Wyatt, représentant de l'Ouest; et G.N. Ruhnke, représentant de l'Est. A. Leahey, G.N. Ruhnke et C.L. Wrenshall ont établi les mandats du CNCS. En 1970, la Commission canadienne de pédologie (CCP) a modifié et réaffirmé ces objectifs comme suit :

Servir de coordonnateur entre les organismes de prospection pédologique du Canada appuyés par le ministère de l'Agriculture du Canada, les ministères provinciaux d'Agriculture, les Conseils de recherches et les Départements de science du sol des universités. Ses fonctions comprennent :

  1. Améliorer le système de classification taxonomique pour les sols canadiens et faire les révisions de ce système à la lumière de nouvelles connaissances.
  2. Améliorer l'identification des particularités physiques et des caractéristiques de sols utilisées pour la description et la cartographie des sols.
  3. Réviser les méthodes, les techniques et la nomenclature employées dans les prospections pédologiques et faire la recommandation des changements nécessaires pour assurer une plus grande uniformité ou leur amélioration.
  4. Recommander des recherches sur les problèmes concernant la classification et la formation des sols, ainsi que sur l'interprétation de l'information pédologique.
  5. Recommander et appuyer les recherches sur les interprétations de l'information pédologique pour le classement des sols, l'évaluation des rendements des cultures, la physique des sols ou d'autres besoins.
  6. Coopérer avec les spécialistes en fertilité des sols, en agronomie, en agrométéorologie et dans d'autres disciplines, à l'évaluation de problématiques communes.

Une grande partie du mérite pour la réalisation actuelle de ces objectifs revient à A. Leahey, président de 1940 à 1966 et à P.C. Stobbe, secrétaire de 1940 à 1969. De 1966 à 1971, le président a été W.A. Ehrlich, auquel a succédé J.S. Clark. En 1969, le nom de la commission a été changé pour le Commission canadienne de pédologie (CCP).

L'évolution de la classification des sols au Canada, depuis 1940, peut être retracée dans les comptes rendus des réunions du CNCS tenues en 1945, 1948, 1955, 1960, 1963, 1965 et 1968, ou de la CCP, en 1970, 1973, 1974 et 1976. La classification des sols a été un des principaux sujets à l'ordre du jour de la première réunion et le rapport produit par P.C. Stobbe a provoqué une longue et vive discussion. Stobbe et son comité ont recommandé l'emploi au Canada d'un système de classification sur le terrain semblable à celui développé par Ellis au Manitoba (1932). Le système proposé était hiérarchique et comportait les sept catégories suivantes :

Régions de sols - Toundra, forêt et prairie. Zones de sols - Larges bandes de sols où prédomine un sol particulier, comme un podzol ou un sol noir.

Sous-zones de sols - Principales subdivisions des zones de sols, comme les sols noir et noir dégradé.

Associations ou caténas de sols - Groupe de sols associés sur un même matériau parental formant un modelé.

Séries de sols, membres ou sols associés - Sols individuels faisant partie d'une l'association de sols.

Types ou classes de sols - Subdivisions des associations ou des séries de sols basées sur la texture.

Phases du sol - Subdivisions des unités cartographiques basées sur les caractéristiques externes du sol comme la pierrosité et le relief.

Cette proposition était un système de classification pour le terrain ou encore un système pour classer les unités de sols cartographiées à diverses échelles. À tous les niveaux, de la phase à la région, les classes représentaient des parties du paysage qui incluaient toute la variabilité pédologique à l'intérieur de la zone désignée. Ainsi, une zone de sols était une étendue de terre où « dominait un grand groupe de sol zonal ». Le système ne prétendait pas être un système scientifique ou taxonomique dans lequel les classes, à tous les niveaux, avaient des limites clairement définies, fondées sur une connaissance assez complète des propriétés de la population entière des sols du Canada. Le système proposé fut accepté pour mise à l'essai par le comité, lequel représentait toutes les provinces. Par conséquent, un important pas était pris vers le développement d'un système national de classification des unités de sols cartographiées au cours des prospections pédologiques.

À la réunion de 1955 du CNCS, P.C. Stobbe a présenté le premier système taxonomique canadien de classification des sols. Ce système s'écartait manifestement du système de classification cartographique ou de terrain proposé en 1945. Il était vraisemblablement dû aux circonstances suivantes :

  • une meilleure connaissance des sols canadiens.
  • le désir de classer les sols, même au niveau supérieur de catégorie, d'après les propriétés des sols eux-mêmes.
  • le besoin d'un système taxonomique meilleur que l'ancien système du ministère de l'Agriculture des États-Unis (Baldwin, et coll., 1938) indûment centré sur les sols « normaux ». Le Soil Conservation Service (Service de conservation des sols des États-Unis) avait amorcé le développement d'un nouveau système en 1951, mais la 4 e approximation de ce système de classification a été jugée trop compliquée et trop expérimentale pour les besoins canadiens (CNCS, 1955).

Malheureusement, une discussion formelle sur des systèmes pour classer ou cartographier les sols sur le terrain a été mise de côté pour plusieurs années aux réunions du CNCS, en dépit du besoin de tels systèmes reconnu par les chefs de file en pédologie. Ce besoin peut être illustré par un exemple de cartographie des sols à une échelle particulière en vue de classer les sortes de sols présents.

Si la carte est à l'échelle de 1 : 100 000 et si la plus petite superficie inscrite est un carré de 1 cm de côté, il s'agit d'une étendue de 100 ha. Une telle superficie comprend couramment les terres élevées et basses d'un paysage et les différents sols associés. Les sortes de sols à l'intérieur de cette superficie sont identifiées en creusant des trous aux différentes positions topographiques du paysage. À chacun de ces points, le profil exposé ne présente qu'une étroite gamme de propriétés qui reflètent l'influence des facteurs formateurs du sol à cet endroit. Ainsi, les sols de chaque point d'observation peuvent être groupés dans une seule classe du système taxonomique. Par contre, la superficie inscrite sur la carte ne peut être désignée comme une seule classe dans un tel système puisqu'elle comprend plusieurs sortes de sols. Cette superficie peut cependant être indiquée comme une sorte d'unité cartographique de sol, comme une association de sols du système d'Ellis (1932). D'où la nécessité d'avoir, à la fois, un système taxonomique pour nommer et organiser l'information qui touche des types se sols spécifiques et un système de cartographie pour classer l'information concernant les délimitations de sols sur une carte et leur donner une dénomination.



Le système taxonomique exposé en 1955, à la base du système d'aujourd'hui, avait six niveaux de catégories non nommés, correspondant à l'ordre, au grand groupe, au sous-groupe, à la famille, à la série et au type de sols. Les sept taxons séparés, au niveau de l'ordre de sols, étaient : chernozémique, halomorphique, podzolique, brun forestier, régosolique, gleysolique et organique. Les taxons ont été définis seulement en termes généraux jusqu'au niveau du sous-groupe de sols. Bien qu'il ait été nécessaire d'agir ainsi à cause du manque d'information, il s'ensuivit des différences d'interprétation des taxons dans les diverses provinces : d'où un manque d'uniformité dans l'application du système. Le besoin de corrélation fut clairement reconnu par les experts pédologues du Canada.

Depuis 1955, des progrès dans l'évolution du système canadien de classification des sols ont été réalisés dans la définition plus précise des taxons à tous les niveaux des catégories, avec une emphase particulière sur les propriétés des sols comme critères taxonomiques. C'est ce qui ressort des comptes rendus des réunions de 1960, 1963, 1965 et 1968 du CNCS, alors que le principal sujet de discussion a été la classification des sols. Lors de ces réunions, on a apporté des changements aux taxons, aux niveaux de l'ordre, du grand groupe et du sous-groupe de sols. Ainsi, en 1963, les grands groupes des sols semi-tourbeux et gleysoliques gris foncé ont été combinés pour former les gleysols humiques, en 1965, un système de classification des sols de l'ordre organique a été présenté et accepté; en 1968, l'ancien ordre podzolique était divisé en deux ordres de sols, luvisolique (translocation d'argile) et podzolique (accumulation de complexes organiques d'Al et de Fe) et le concept et la classification des sols brunisoliques ont été révisés. Les critères de classification, comprenant les propriétés morphologiques, chimiques et physiques, sont devenus de plus en plus spécifiques durant cette période. Les bases de la classification des sols, au niveau de la famille de sols, ont été exposées et les catégories de série et de type de sols ont été définies de façon plus précise.

Après la publication du Système canadien de classification des sols (SCCS) en 1970, des thèmes autres que la taxonomie des sols ont été mis de l'avant aux réunions de la CCP. Cependant, en 1973, un ordre cryosolique a été proposé pour classer les sols avec un pergélisol près de la surface et des précisions ont été apportées à plusieurs ordres de sols. Ces modifications, incluant l'ordre cryosolique nouvellement développé, ont été ajoutées dans le SCCS, publié en 1978.

Aux réunions du CNCS, entre 1945 et 1970, peu d'attention a été accordée aux systèmes pour nommer et classer les unités cartographiques de sols. Un système taxonomique satisfaisant a été mis au point entre 1970 et 1978. Le Comité d'experts sur la prospection pédologique (CEPP) a été formé en 1978 en remplacement du CCP. Même si ce comité s'occupait essentiellement d'interprétation, de systèmes de cartographie et de dégradation des sols, la classification des sols formait également une part importante de ses activités.

En 1980, après la nomination de C. Tarnocai à la présidence du Groupe de travail sur la classification des sols, les membres ont commencé à se pencher sur un certain nombre de problèmes de classification des sols identifiés par les spécialistes en sol de diverses régions. Les principaux aspects traités concernaient la classification des gleysols (McKeague et coll., 1986), des folisols (Fox, 1985; Fox et coll., 1987; Trowbridge 1981 et Trowbridge et coll., 1985), des podzols et de la définition d'horizons contrastants. Lors d'une réunion en 1984, le Groupe de travail a discuté de ces questions et a préparé et présenté des recommandations relatives à ces problèmes au CEPP (Tarnocai, 1985). La seconde édition du SCCS, publiée en 1987 incorpore ces recommandations qui ont été acceptées par le comité.

Vers la fin des années 80, suite à une tournée internationale de classification des sols organisée par le Service de conservation des sols du United States Department of Agriculture (USDA), on a porté une attention particulière aux sols vertisoliques; des sols à fort contenu en argile dont les propriétés résultent du retrait et du gonflement causés par la dessiccation et l'humectation. Auparavant, on croyait que les sols vertisoliques n'étaient présents que sous des climats tempérés et tropicaux. Toutefois, quand les experts internationaux, qui étaient présents lors de la tournée, ont examiné les sols à fort contenu argileux du sud de la Saskatchewan, ils trouvèrent que ces sols avaient les mêmes propriétés que les vertisols présents ailleurs et jugèrent que ces sols étaient des vertisols. Ce changement de point de vue est le point de départ de l'incorporation des vertisols dans le SCCS. Le Groupe de travail sur la classification des sols a rédigé un certain nombre de propositions pour la classification de ces sols. Des excursions de terrain eurent lieu dans les provinces des Prairies, en Colombie-Britannique et dans l'Est du Canada, entre 1991 et 1994, pour mettre ces propositions à l'essai sur le terrain. Suite à ces activités, le Groupe de travail a recommandé la création de l'ordre vertisolique afin de classer ces sols et d’établir des critères pour ce nouvel ordre de sols.

Cette troisième édition du SCCS inclut donc des révisions mineures à travers tout le système et introduit l'ordre des vertisols. Cette édition inclut également le grand groupe vertique pour les sols solonetziques et les sous-groupes vertiques pour les sols chernozémiques, gleysoliques, luvisoliques et solonetziques. Elle comprend également une révision en profondeur de l'ordre cryosolique résultant d'activités internationales à la fois aux États-Unis et en Russie.



Logique de la taxonomie des sols au Canada

Durant les 80 ans de travaux au Canada, les concepts de classification ont évolué à la suite de nouvelles connaissances et d'idées nouvelles formulées au Canada et ailleurs. Ce qui suit est une tentative d'analyse raisonnée de l'état actuel de la taxonomie des sols fondée sur l'historique décrit dans la section précédente et dans les récentes publications canadiennes sur la pédologie.

La nature du sol

Au Canada et ailleurs (Cline, 1961; Knox, 1965; Simonson, 1968), le concept de sol a beaucoup changé depuis 1914, lorsque les premières prospections pédologiques débutaient en Ontario. Aucune définition spécifique n'est disponible en provenance de ce premier travail, mais il semble clair que le sol était conçu comme matériau géologique de surface. La texture était apparemment considérée comme étant son attribut le plus important. Actuellement, le sol est défini en termes généraux par les pédologues comme un matériau minéral ou organique, non consolidé, qui existe de façon naturelle, à la surface de la terre et qui permet la croissance des plantes. Ses propriétés varient généralement en profondeur. Elles sont déterminées par les facteurs climatiques et les organismes, tels que conditionnés par le relief et le régime de l'eau, agissant avec le temps sur les matériaux géologiques pour produire des horizons génétiques qui diffèrent du matériau parental originel. Dans le paysage, le sol passe à des entités de non-sols, tels que des affleurements de roc consolidé ou des plans d'eau permanents, le long de frontières arbitrairement délimitées. Les définitions de sol et de non-sol sont données au Chapitre 2.

Puisque le sol se présente à la surface de la terre comme un continuum ayant des propriétés variables, il est nécessaire d'établir une unité de base du sol pour le décrire, l'échantillonner, l'analyser et le classer. Une telle unité a été définie par les pédologues des États-Unis (Soil Survey Staff, 1960) et est acceptée au Canada. L'unité, appelée pédon, est la plus petite partie tridimensionnelle à la surface de la terre qui est considérée comme un sol. Ses dimensions latérales sont de 1 à 3,5 m et sa profondeur est de 1 à 2 m. Le pédon est défini plus spécifiquement au Chapitre 2.

Nature et but de la classification des sols

Les systèmes de classification des sols ne sont pas des vérités que l'on peut découvrir, mais des méthodes pour organiser logiquement et efficacement l'information et les concepts (Soil Survey Staff, 1960). Conséquemment, aucun système de classification n'est vrai ou faux; certains systèmes sont plus logiques et mieux adaptés à certains objectifs que d'autres. Un système de classification reflète les connaissances et les concepts existants sur la population de sols à classer (Cline, 1949). Il doit être modifié avec l'élargissement des connaissances et l'éclosion de nouveaux concepts. Les buts théoriques et pratiques de la classification des sols ont été exposés dans les écrits traitant du sujet (Cline, 1949, 1963; De Bakker, 1970). Le but principal de la classification des sols au Canada peut être énoncé comme suit :

  • Organiser les connaissances sur les sols pour qu'elles puissent être rappelées systématiquement et propagées, et pour qu'il soit possible de voir les relations qui existent entre les sortes de sols, entre les propriétés des sols et les facteurs environnementaux et entre les propriétés des sols et leurs aptitudes pour diverses utilisations.

Les buts connexes de la classification des sols sont de fournir un cadre pour la formulation d'hypothèses concernant la genèse des sols et le comportement des sols aménagés, d'aider à appliquer ces connaissances acquises dans une région à d'autres régions ayant des sols semblables et d'assurer une base pour indiquer les sortes de sols à l'intérieur des unités cartographiques. La classification des sols est essentielle pour les prospections pédologiques, pour l'enseignement de cette partie des sciences naturelles qu'est la science du sol et pour rencontrer les besoins pratiques reliés à l'utilisation et à la gestion des sols.

La philosophie générale du système canadien est pragmatique, l'objectif étant d'organiser les connaissances sur les sols de façon raisonnable et utilisable. Le système en est un naturel ou taxonomique, où les classes (taxons) sont basées sur les propriétés des sols eux-mêmes et non sur l'interprétation des sols pour diverses utilisations. Les interprétations sont une seconde étape essentielle à l'emploi efficace de l'information pédologique. Si les taxons sont définis d'après les propriétés des sols et si les limites de ces classes ou combinaisons de classes sont indiquées sur une carte, toute interprétation basée sur ces propriétés comprises dans les définitions des classes peut être faite.

Faux concepts sur la taxonomie des sols

De faux concepts font jour périodiquement sur les fonctions d'un système de taxonomie des sols. Nous en énumérons quelques-uns pour mettre en garde les utilisateurs du système canadien contre des attentes irréalistes.

  1. Il est faux de croire que dans un bon système de classification des sols des stations adjacentes seront classés dans le même taxon. À certains endroits, ceci n'est ni possible ni désirable. Les pédons, à quelques mètres les uns des autres, peuvent être aussi différents que les pédons séparés par des centaines de kilomètres dans une même région climatique.
  2. Une autre erreur courante veut qu'un bon système national puisse permettre les groupements les plus adéquats pour les sols dans toutes les régions. Ce n'est pas possible parce que les critères basés sur les propriétés de toute la population des sols du pays sont inévitablement différents de ceux fondés sur les propriétés des sols d'une région quelconque. Les critères établis pour un système national feront nécessairement qu'en certains endroits la plupart des sols auront des propriétés qui chevaucheront la limite établie entre deux taxons.
  3. L'opinion voulant qu'un système établi sur une base solide éviterait de faire des changements à quelques années d'intervalle est erronée. À mesure que de nouvelles régions sont étudiées, que plus de recherches sont faites et que les concepts des sols évoluent, les changements au système deviennent inévitables pour maintenir une taxonomie viable.
  4. Un autre espoir mal fondé est qu'un bon système assurera que les taxons, au niveau de l'ordre du moins, pourront être assignés sans ambiguïtés et facilement sur le terrain. De fait, dans un système hiérarchique, les divisions entre les ordres de sols doivent être définies de façon aussi précise que celles entre les séries. Comme des pédons peuvent avoir des propriétés voisines des limites de classes, à tout niveau taxonomique, le classement est difficile et des mesures en laboratoire peuvent être nécessaires.
  5. Certains postulent qu'un bon système permet de classer les sols compris dans des délimitations cartographiques comme membres d'au plus trois séries de sols. Évidemment, ceci n'est pas raisonnable puisque le nombre de classes taxonomiques se trouvant dans une unité cartographique dépend de la complexité du relief des sols dans le paysage, de l'échelle de la carte et de l'étroitesse des limites de classe.
  6. Il est faux de croire qu'un bon système puisse être simple au point d'être clair pour le profane. Malheureusement, le sol est complexe et, bien que les grandes lignes de la taxonomie devraient pouvoir être exposées en termes simples, les définitions des taxons doivent parfois être complexes.
  7. Un autre malentendu est qu'un bon système facilite la cartographie des sols. La facilité de la cartographie dépend moins de la taxonomie que de la complexité du paysage, de l'accessibilité et de la possibilité de prédire la disposition des sols dans des segments du paysage.

Qualités du système canadien de classification des sols

Le développement de la taxonomie des sols au Canada s'est fait vers un système possédant les qualités suivantes :

  1. Il fournit des taxons pour tous les sols connus au Canada.
  2. Il comprend une organisation hiérarchique de plusieurs catégories qui permet de considérer les sols à divers degrés de généralisation. Les classes des niveaux supérieurs de catégories reflètent, autant que possible, les grandes différences dans les environnements des sols qui sont reliées aux différences de genèse des sols.
  3. Les taxons sont définis, spécifiquement de façon à signifier la même chose pour tous les utilisateurs.
  4. Les taxons sont des concepts fondés sur des généralisations de propriétés de sols réels plutôt que sur les concepts idéalisés des sortes de sols qui résulteraient de présumés processus génétiques. Les critères choisis définissent les taxons en conformité avec les groupements de sols désirés. Les groupements ne sont pas initialement décidés sur une base de critères arbitraires.
  5. Les différenciations entre les taxons sont basées sur des propriétés du sol qui peuvent être observées et mesurées objectivement sur le terrain ou, si nécessaire, au laboratoire. 6. Il est possible de modifier le système à la lumière d'informations et de concepts nouveaux, sans détruire l'ensemble du système. Cependant, de façon périodique, l'ensemble du système sera réévalué.

Bien que les taxons du système canadien soient définis sur la base des propriétés du sol, le système possède un biais génétique et les propriétés, ou les combinaisons de propriétés reflétant la genèse, sont favorisées comme critère distinctif dans les catégories supérieures. Par exemple, le A chernozémique et le B podzolique découlent de la genèse. La raison de ce biais est qu'il semble logique de réunir, aux niveaux supérieurs des catégories, des sols qui ont développé une horizonation particulière, à la suite de processus dominants semblables, eux-mêmes résultant de conditions climatiques plus ou moins semblables. La classification n'est pas basée directement sur la genèse présumée, car celle-ci est partiellement comprise et qu’elle fait l'objet d'opinions très diverses et ne peut être mesurée de façon simple.



Bases des critères pour définir les taxons aux différents niveaux de catégories

Les bases de différenciation des taxons aux différents niveaux de catégories ne sont pas clairement définies. Dans un système hiérarchique de classification des sols, les groupements logiques de sols qui reflètent les facteurs environnementaux ne peuvent être obtenus dans un cadre systématique rigide où tous les taxons d'un même niveau de catégorie sont différenciés d'après un critère spécifique uniforme comme l'acidité ou la texture. Il y a environ trois-quarts de siècle (Joel, 1926), quelques pédologues ont reconnu que les critères doivent être basés sur les propriétés du sol plutôt que directement sur les facteurs environnementaux ou sur l'évaluation de l'utilisation. Les fondements généraux des divers niveaux de catégories, exposés plus bas, peuvent être déduits d'une étude du système. Elles s'appliquent mieux à certains taxons qu'à d'autres : par exemple, l'énoncé pour l'ordre s'applique plus clairement aux sols chernozémiques et podzoliques qu'aux sols régosoliques et brunisoliques.

Ordre:

Les taxons, au niveau de l'ordre, sont basés sur les propriétés du pédon qui reflètent la nature de l'environnement du sol et les effets des processus dominants de formation des sols.

Grand groupe:

Les grands groupes de sols sont des taxons de sols formés par la subdivision de chaque ordre de sols. Donc, chaque grand groupe de sols porte avec lui les critères différenciant l'ordre auquel il appartient. De plus, au niveau des grands groupes, les taxons sont basés sur les propriétés qui reflètent les différences dans l'intensité des processus dominants ou la contribution majeure d'un processus en plus du dominant. Par exemple, dans les gleysols luviques, le processus dominant est la gleyification mais la translocation d'argile est aussi un processus important.

Sous-groupe.

Les sous-groupes de sols sont formés par la subdivision de chaque grand groupe de sols. Ainsi, ils portent les critères différenciant l'ordre et le grand groupe de sols auxquels ils appartiennent. De plus, les sous-groupes de sols sont différenciés selon le genre et l'arrangement des horizons qui marquent : une conformité avec le concept central du grand groupe de sols, (p. ex. orthique), une gradation vers des sols d'un autre ordre de sols, (p. ex. gleyifié, brunisolique) ou des caractéristiques spéciales additionnelles dans la coupe témoin, (p. ex. ortstein, vertique).

Famille.

Au niveau de la famille de sols, les taxons sont formés par la subdivision des sous-groupes de sols. Ainsi, ils portent les critères de différenciation de l'ordre, du grand groupe et du sousgroupe de sols auxquels ils appartiennent. À l'intérieur du sous-groupe de sols, les familles de sols se distinguent selon les caractéristiques du matériau parental comme la granulométrie, la minéralogie, la teneur en carbonates, la réaction, la profondeur et les facteurs climatiques du sol.

Série.

Les séries de sols sont formées par la subdivision des familles de sols. Ainsi, elles portent tous les critères de différenciation de l'ordre, du grand groupe, du sous-groupe et de la famille de sols auxquels elles appartiennent. À l'intérieur d'une famille de sols, les séries de sols se différencient sur la base des caractéristiques détaillées du pédon. Les pédons appartenant aux séries de sols ont des horizons de nature et d'arrangement semblable dont la couleur, la texture, la structure, la consistance, l'épaisseur, la réaction et la composition se tiennent entre d'étroites limites. Une série de sols est une catégorie du système taxonomique. C'est donc une classe conceptuelle dans le même sens que l'ordre.

Un pédon est une unité réelle de sol dans un paysage, alors qu'une série de sols est une classe conceptuelle avec des limites définies fondées sur la généralisation des propriétés de plusieurs pédons. Un pédon particulier peut être classé comme série de sols si ses propriétés s'ajustent à l'intérieur des limites de celles d'une série de sols établie. Cependant, ce n'est pas, à toutes fins utiles, une série de sols parce que les attributs d'un pédon quelconque ne se conforment pas à la gamme complète des attributs alloués à l'intérieur d'une même série de sols. Ainsi, il est incorrect d'étudier une partie du pédon et de déclarer : « Ceci est la série de sols X ». On doit plutôt dire : « Ce pédon a des propriétés se trouvant dans les limites de la série de sols X » ou « Ce pédon se classe dans la série de sols X ».

Relation entre les classes taxonomiques et les facteurs environnementaux

Une relation générale existe entre les types d'environnement et les taxons à divers niveaux dans le système. Ceci provient de la base de sélection des critères diagnostiques pour les taxons. La base initiale aux niveaux supérieurs consiste en propriétés qui reflètent l'environnement et celles qui résultent des processus de genèse du sol. Bien que le système paraît être une clé dont les classes sont définies précisément, mais arbitrairement selon des propriétés spécifiques, c'est en réalité un système dans lequel les taxons reflètent, dans la mesure du possible, les facteurs génétiques ou environnementaux.

Par exemple, l'ordre podzolique est défini sur la base de propriétés morphologiques et chimiques de l'horizon B. Cependant, ces propriétés sont associées avec des conditions d'humidité, avec des matériaux parentaux sableux à loameux et une végétation de forêt ou de lande. Bien que définis sur la base des quantités de C organique et de Fe + Al extrait des horizons B, les grands groupes à l'intérieur de l'ordre sont d'une grande portée par rapport à l'environnement. Ainsi, les podzols humiques sont associés à des environnements très humides, une nappe phréatique élevée, des conditions périodiques ou continues de réduction, une végétation hydrophile et possèdent souvent avec une surface tourbeuse. Les podzols ferro-humiques se trouvent dans des zones avec beaucoup de précipitation effective mais ne sont pas soumis à des conditions de réduction pendant des périodes prolongées. Les podzols humo-ferriques se retrouvent d'habitude dans des environnements moins humides que ceux des autres grands groupes de l'ordre. Il y a corrélation entre les facteurs de climat et de végétation, le matériau parental et le relief, pour déterminer la présence de différentes classes de sols podzoliques. De même, il y a des rapports généraux entre les autres ordres, les grands groupes et les facteurs environnementaux liés aux sols. Cependant, ces relations sont beaucoup moins évidentes pour certains sols régosoliques et brunisoliques qu'elles ne le sont pour la plupart des autres ordres de sols. En général, aux niveaux inférieurs de catégories, les relations entre les taxons et les facteurs environnementaux des sols deviennent de plus en plus rapprochées.



Relation entre le système canadien et les autres systèmes de taxonomie des sols

L'existence de nombreux systèmes nationaux de taxonomie des sols peut être considérée comme une indication de la jeunesse de la science du sol. La connaissance des propriétés des sols du monde est loin d'être complète, il est donc impossible d'édifier un système international de classification de la population entière de sols connus et inconnus. Même après qu'un tel système aura été développé, il est probable que les systèmes nationaux resteront en usage parce qu'ils sont connus localement et qu'on les trouve plus utiles pour une population restreinte de sols à l'intérieur d'un pays. Les unités de sols définies pour le projet de carte mondiale des sols de la FAO UNESCO sont utiles pour la corrélation internationale des sols, mais elles ne constituent pas un système complet de taxonomie des sols (FAO, 1989). Le système développé depuis 1951 par le personnel de Soil Survey Staff du ministère de l'Agriculture des États-Unis (1992) est celui qui se rapproche le plus d'un système universel de taxonomie des sols. Ce système a eu, comme les systèmes antérieurs des États-Unis, une influence primordiale sur la taxonomie des sols au Canada et ailleurs.

Le SCCS ressemble plus au système des États-Unis qu'à tout autre système. Tous deux sont des systèmes hiérarchiques et, dans les deux cas, les taxons sont définis suivant les propriétés mesurables des sols. Cependant, ils diffèrent sur plusieurs aspects. Le système canadien n'est pas universel et vise à classer seulement les sols du Canada. Le système américain comprend la catégorie du sous-ordre qui n'existe pas dans le système canadien. Dans le système canadien, les sols solonetziques et gleysoliques sont différenciés au niveau de catégorie supérieure comme dans le système russe et quelques autres systèmes européens. Dans le système des États-Unis, ces sols se distinguent au niveau du sous-ordre ou du grand groupe de sols. La différence majeure entre le système canadien et celui des États-Unis est sans doute que tous les horizons jusqu'à la surface peuvent être diagnostiques dans notre système, alors que les horizons sous la couche de labour sont particulièrement importants dans le système américain. Ceci peut être dû au fait que 90 % de la superficie terrestre du Canada ne sera probablement jamais cultivée.

Résumé

Le système canadien de classification des sols est un système hiérarchique dans lequel les classes sont conceptuelles et fondées sur la généralisation des propriétés d'entités de sol réelles. Les taxons sont définis selon les propriétés de sols observables et mesurables qui reflètent les processus de genèse des sols et les facteurs environnementaux. Le système s'est amélioré avec l'augmentation des connaissances sur les sols canadiens obtenues grâce aux prospections pédologiques effectuées sur une période de plus de quatre-vingt ans. Les concepts développés dans d'autres pays ont fortement influencé notre système, mais certains aspects sont typiquement canadiens. Le système est imparfait puisqu'il est basé sur une connaissance limitée de la vaste population des sols du pays. En dépit de ses imperfections, ce système nous permet de désigner les sols de tout le Canada dans des taxons à divers niveaux de généralisation et d'organiser les connaissances sur les sols de façon qu'on puisse détecter les relations entre les facteurs environnementaux et de développement des sols. Il est possible de définir les sortes de sols rencontrés dans les unités cartographiques inscrites sur les cartes de sols et de fournir une base pour l'évaluation des superficies cartographiques de sol, pour une variété d'utilisations possibles.

Source : Le système Canadien de classification des Sols (3ième éditions)

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